Lorsqu’on évolue dans sa carrière au sein des greffes judiciaires, les opportunités d’avancement professionnel, comme la mutation, la mobilité, le détachement ou le passage d’un concours interne ou examen professionnel, peuvent susciter une certaine appréhension, notamment lorsqu’il s’agit de prendre la parole lors d’un entretien ou la soutenance de son dossier RAEP. En effet, prendre la parole, c’est s’exposer au jugement d’un groupe ou d’une personne. Il est facile de comprendre que cette exposition peut générer un sentiment de vulnérabilité. Pourtant, l’épreuve de l’entretien oral est souvent incontournable pour saisir ces nouvelles opportunités professionnelles. Je vous propose de mettre en évidence quelques points clés d’une bonne préparation.

  1. L’importance de la prise de parole :

Que ce soit lors d’un entretien de mutation, de mobilité, de détachement ou d’un concours interne ou examen professionnel, la prise de parole est une compétence indispensable à maîtriser. Elle démontre votre aisance, votre capacité à communiquer efficacement et votre assurance, des qualités recherchées dans les postes à responsabilités. L’objectif du recruteur est de se faire une idée de la personne qui est devant elle et de répondre à la question suivante : “Cette personne répond elle aux exigences du poste convoité ?”

  1. Préparez mentalement votre prise de parole :

Une bonne préparation passe par une préparation mentale. Commencez par identifier les peurs liées à la prise de parole redoutée. Prenez le temps de lister par écrit toutes les pensées négatives ou jugements que vous redoutez d’entendre : “elle est ennuyeuse”, “elle/il n’est pas clair(e)”, “Vont-ils remarquer que je manque de confiance en moi ?”, “j’ai des tics de langage” . Mettez en lumière toutes ces peurs, cela vous permettra de les révéler et de les prendre en conscience.

  1. La réflexion inversée pour gagner en confiance :

Cette méthode peut paraitre contre-productive mais essayer la quand même : La “réflexion inversée”. Elle consiste à inverser le problème en identifiant ce qui garantirait la réalisation de vos peurs. Cette technique est inspirée de Carl Jacobi, un mathématicien allemand du 19e siècle, qui avait pour maxime “man muss immer umkehren” (inversez, inversez toujours) pour résoudre des problèmes complexes. Au lieu d’appréhender les situations en établissant des objectifs et en s’efforçant de les atteindre, cette approche vous encourage à considérer les facteurs qui pourraient entraîner un échec ou des difficultés.

Par exemple, au lieu de chercher comment construire brillamment votre entretien de mutation, inversez le problème en vous posant des questions comme : “Qu’est-ce qui garantirait que je ne sois pas pris ?”, “Qu’est-ce que je dois faire pour ennuyer mon auditoire ou montrer que je manque de confiance en moi ?”, etc…

Hé bien pour être sûr de ne pas être pris : je dois être impoli(e), je dois arriver en retard, je dois couper la parole au(x) recruteur(s), etc.

Pour être sûr(e) d’ennuyer mon auditoire : je dois prendre un ton monocorde, dire des généralités, des banalités, avoir peu d’entrain, etc.

Pour être sur(e) que de montrer que je n’ai pas confiance en moi : autant le dire directement, ou d’hésiter sur chaque mot, de perdre mes moyens en bafouillant, en ne sachant pas quoi répondre et faire des “heeuuuuuuu”, en me tordant les mains, etc.

  1. Construisez un plan d’action :

En partant de la réflexion inversée, vous aurez un plan d’action pour surmonter vos peurs et vous préparer de manière optimale.

Par exemple : Hé bien pour être sûr de ne pas être pris : je dois être impoli(e), avachi(e), mal habillé(e), je dois arriver en retard, je dois couper la parole au(x) recruteur(s), etc. = que mettre en place ? – je dois être courtois(e), respecter les formules de politesse et la hiérarchie, je dois soigner ma présentation (posture, vêtement), je dois prendre un temps avant de répondre aux questions, ne pas me précipiter et attendre que le recruteur ait bien fini de prendre la parole.

Pour être sûr(e) d’ennuyer mon auditoire : je dois prendre un ton monocorde, dire des généralités, des banalités, avoir peu d’entrain, etc. = = que mettre en place ? – je dois poser ma voix et faire fluctuer ma voix en fonction du message que je veux faire passer, je vais parler de moi, de mes expériences propres, de mes ressentis, de mes apprentissages, je vais être authentique.

Pour être sur(e) que de montrer que je n’ai pas confiance en moi : autant le dire directement, ou d’hésiter sur chaque mot, de perdre mes moyens en bafouillant, en ne sachant pas quoi répondre et faire des “heuuuuuuu”, en me tordant les mains, etc. = que mettre en place ? – je vais préparer des questions auxquelles je peux m’attendre pour préparer des réponses et éviter l’effet de surprise, je vais prendre un stylo le jour de l’entretien pour que mes mains soient occupées, je vais m’enregistrer pour bien prendre conscience de mes “heuuuuuuu” et reprendre les phrases en y installant le silence, je vais mettre en place une pratique de respiration afin de me détendre.

Peut-être ressentez vous un certain apaisement à la seule lecture de cette méthode…

  1. La magie de la pratique :

Comme pour toute compétence, la pratique est essentielle pour progresser. Plus vous vous entraînerez à prendre la parole dans des situations dans lesquelles vous n’êtes pas à l’aise, plus vous vous familiariserez avec cet exercice et gagnerez en confiance lors des entretiens de mutation, de mobilité, de détachement ou des concours internes ou examens professionnels auxquels vous aspirez.